Tombé en admiration devant les boucliers aborigènes taillés dans un seul bloc de bois, un tronc creux d'eucalyptus miniata dans les gorges de Wandjina sur la Gibb river road dans le Kimberley, me donna l’envie de m’essayer à la fabrication.
Certains sont trés étroits, d’autres plus
larges épousant la forme d'un coolamon (récipient traditionnel en bois).
Les aborigènes devaient procéder de cette manière pour
obtenir leur bouclier concave sans se fatiguer à évider un arbre plein.
L'eucalyptus miniata est trés dur et il est utilisé pour la fabrication de
bouclier dans le nord ouest de l'Australie.
J'hésitais un moment car la portion de tronc était lourde et allait encombrer mon véhicule avant que je ne puisse le tailler. C'était parti! , je vérifiais qu'aucun animal ne se servait de ce tronc comme maison et m’assurais de sa qualité et je l'embarquais. Ouch ! Quel poids. C'est du bois vraiment dense et je n ai pu que le trainer jusqu'à mon coffre de voiture.
.Ce bouclier sera de petite taille (seulement 70-80 cm de haut environ). Je ne travaille pour l'instant pas l'intérieur. J’enlève uniquement l'écorce et la partie de bois clair sous jacente. Ce faisant, je me dis qu'il est dommage d'enlever cette écorce striée si belle. Cependant il s'agit d'une partie tendre inutile pour la résistance de mon objet et qui n'est jamais conservée sur les boucliers traditionnels aborigènes.
A l'aide d'une machette, j'ouvre et découpe dans le tronc la portion qui me semble la mieux conservée et la plus intéressante pour mon bouclier
Chose intéressante, je repère à mi hauteur du bouclier, à l'intérieur, un creusement par les termites qui forme une sorte d'amorce de poignée naturelle. Je décide de centrer la pièce sur cet élément pour l'utiliser dans ce but
Le tronc creux en question. Remarquez les beaux motifs en zigzags qui se forment naturellement sur l'écorce de ces eucalyptus, le bois clair assez tendre sous l'écorce et le bois sombre et très dur de l'aubier. Les termites ont mangé le cœur et nous épargnent pas mal d’heures de travail.
La face défensive (extérieure du bouclier) après la fin du dégrossissage. Celui-ci est loin d'être fini et nécessitera raclage, polissage puis gravure décorative que je n'ais malheureusement pas le temps de réaliser sur place
L'Intérieur du bouclier à une poignée que l'on peut déjà saisir, mais qu'il faudra agrandir et rendre plus confortable afin qu’elle ne blesse pas la main en cas de parade. A suivre...
Au ciseau à bois, j'agrandie et fais se rejoindre les deux cavités naturelles creusées au centre du bouclier par les termites, progressivement, pour ne pas créer de fissure ou de faiblesse dans la pièce
L'intérieur creusé par les termites arbore également des stries en zigzag très belles, que je décide de laisser telles quelles. Tout en frappant comme un beau diable mon tronc pour le dégrossir encore, je pense aux magnifiques boucliers aborigènes vus dans différent s musées. C'est étrange car nombreux arborent des motifs en zigzag linéaires ou imbriqués... ce pourrait-il que cela imite les motifs de l'écorce qui est justement enlevée au début de leur fabrication. Il se pourrait bien et les hommes replaceraient un motif naturel en le gravant à nouveau à l'extérieur du bouclier, comme pour rendre la beauté perdu du tronc naturel.